La porte de la vie

Homélie du 4e dimanche de Pâques 2023

« Je suis venu pour que les brebis aient la vie »

Qui croire ? Où aller ? Que faire ? Qu’être ? Il y a tant de voix contradictoires, tant de directions nous sont proposées que nous ne savons laquelle prendre. Compliments, reproches, conseils et avis, nous entendons tant de choses sur nous-même que nous ne savons parfois plus qui nous sommes. Alors même que Jésus vient de guérir un aveugle-né et qu’il a dit à ceux qui se croyaient voyants qu’ils étaient, en réalité, aveugles, la question est redoublée. Qui peut prétendre connaître la vérité si ceux-là mêmes qui croient voir sont dans la nuit ?

La porte dont Jésus parle dans cet évangile est étrange : à la fois Jésus entre par elle – « celui qui entre par la porte, c’est le pasteur » – et à la fois, il se confond avec elle – « je suis la porte des brebis. » Un peu plus loin dans ce même évangile de Jean (14,6), Jésus dit qu’il est le chemin, la vérité et la vie. Jésus est à la fois la vérité qui entre par la porte et la porte – ou le chemin – par laquelle nous allons vers la vie. Il entre par notre porte comme nous devrons, pour vivre, entrer par la porte qu’il est.   

La porte par laquelle il entre, c’est celle que Dieu a établie pour venir jusqu’à nous : ce sont les Écritures. Cette porte ne s’ouvre pas seule, elle est tenue par un portier : c’est l’Esprit Saint, celui qui donne le sens des Écritures. Enfin, il ne lui suffit pas d’entrer dans l’enclos, encore faut-il que les brebis reconnaissent sa voix pour le suivre : ici, Jésus nous montre qu’à sa parole entendue par nos oreilles correspond la conscience, la capacité que Dieu a mise en nous de reconnaître sa voix, de discerner la vérité. Ainsi, c’est dans le concert harmonieux de sa parole, de l’Esprit Saint et de notre conscience que résonne en nous la voix de la Vérité.

Ayant passé la porte ouverte par le portier, ayant été reconnue par les brebis, cette voix est féconde. Son fruit c’est de devenir la porte des brebis : le moyen par lequel nous entrons et sortons. Du dehors, par Jésus, nous voyons un chemin secret : c’est celui de l’intériorité, c’est celui qui mène à notre chambre dont nous fermons la porte (Mt 6, 6) pour prier le Père dans le secret. Du dedans, par Jésus, nous voyons la splendeur lumineuse du monde vers lequel nous sommes envoyé pour y vivre. Lorsque Jésus devient notre porte, nous pouvons aller et venir, librement, de l’extérieur vers l’intérieur et de l’intérieur vers l’extérieur. Alors, la question n’est plus tant de connaître le chemin que de vivre ; alors, nous n’y voyons pas plus clair mais nous vivons ; alors, par le Christ, il n’y a plus de séparation entre le cœur et les mains, entre l’âme et le corps mais une personne qui est ce qu’elle accomplit, qui accomplit ce qu’elle est : un vivant. Amen.