
« La gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière »
Nous nous étions réveillés avant l’aurore, nous n’avions pas attendu qu’il nous surprenne, nous avions décidé de partir à sa recherche. Il faisait nuit, il faisait froid. Nous avions levé les yeux, et les étoiles nous avaient donné l’espérance d’une lumière à venir. La lune était apparue à l’horizon tandis que nous marchions, elle nous avait aidés à distinguer un peu mieux les cailloux du sentier. Nous connaissions ce chemin par cœur mais nous attendions la lumière qui nous donnerait de le reconnaître et, dans la nuit, nous ne savions plus bien où nous étions, c’est pourquoi nous regardions nos pieds et suivions simplement la trace qui se dévoilait devant nous pas à pas. Nous étions concentrés sur notre marche et nous n’avons pas vu. L’un de nous prenait des photos, il fut le premier à se rendre compte que quelque chose changeait : quêtant le peu de lumière pour la faire entrer dans son objectif, il reconnut plus vite que nous le jour qui s’avançait. Alors, sans bruit, il nous fit signe de lever la tête. Silencieusement, comme par crainte de faire fuir le mystère, il désigna la crête qui se découpait sur un halo lumineux, signe du jour qui avançait. Délicatement, le soleil s’éveillait, il nous rendait le paysage bien-aimé avant même son apparition, puis, bientôt, il nous enveloppa de sa lumière. Son jour était d’or. Il nous redonna dans une douce clarté les couleurs du ciel, de la montagne, des fleurs, il fit briller le lac et les pierres mouillées. Dans son rayonnement, nous nous regardâmes dans les yeux et il fit resplendir nos sourires. L’aube passée, nous nous habituâmes à sa présence, il nous réchauffait doucement, il nous donnait la beauté de ce jour. Nous étions partis avant son lever, il avait dépassé notre attente.
Dans la nuit de Noël, c’est ainsi que le Christ est venu à nous, avec la délicatesse et le mystère d’un jour qui se lève. Sa lumière n’est pas venue éblouir, il n’a pas écrasé d’un coup ce monde pour en faire un autre, il s’est refusé à venir en pleins phares au milieu de notre nuit. Il est apparu dans la simplicité de la crèche ; dans un premier temps, ne l’ont aperçu que ceux qui ont vu la pointe de son aurore poindre à la crête de leur existence : ses parents, quelques bergers. Ceux-ci l’ont annoncé à d’autres qui ont à leur tour levé les yeux. De proche en proche, petit à petit, à ceux qui voulaient bien se laisser réchauffer par sa douce lumière, à ceux qui ouvraient leurs yeux à sa présence, Jésus est venu donner sa clarté. Ceux qui l’ont accueilli ont vu leurs vies s’éclairer d’un jour nouveau. Pas à pas, il a donné des couleurs à leur existence, leurs vies pouvaient sembler inchangées mais la lumière du Christ en faisait briller les richesses.
Les chrétiens ne vivent pas très différemment des autres, mais ils se reconnaissent à la lumière qui brille en eux et donne sens à leur existence. À certains moments, nous perdons de vue cette lumière. L’aurore de notre vie est passée depuis longtemps, nous ne pensons même plus que le soleil est là, qu’un temps nous avions tellement désiré. Dans le froid et l’obscurité de la nuit, nous avons espéré sa venue, ces heures nous semblent lointaines et nous nous sommes habitués à sa présence, nous avons oublié qu’il avait tout changé. Repensant à l’aube de notre foi, à ces jours où sa clarté nous a été donnée toute nouvelle, dorée, radieuse, douce et paisible, nous venons cette nuit près de l’astre de nos jours, près de la crèche. Là se trouve notre soleil enfant, notre aurore, nous lui demandons d’éclairer encore notre vie, nous lui présentons les domaines que nous cachons parfois à sa lumière et les paysages intérieurs dont nous avons oublié la beauté, nous lui demandons de nous montrer encore les splendeurs insoupçonnées de nos existence et le prions de nous envelopper de sa lumière dans cette vie pour nous entraîner jusqu’au jour qui ne finira pas. Amen.