Prince de la milice céleste

Homélie de la fête de saint Michel

« Les anges de Dieu qui montent et descendent au-dessus du Fils de l’homme » 

Mercredi dernier, tandis que, préparant cette fête, je montrais aux enfants du patronage une photo de la statue qui est au sommet de notre clocher, et que je leur demandais s’ils savaient où se trouvait cette statue, l’un d’entre eux, sans même prendre le temps de lever la main, a répondu d’un cri venu du cœur : « Dans le ciel ! » Il avait raison : pour voir cette statue, symbole de la protection de l’Archange, il nous faut lever les yeux. Je suis souvent surpris de rencontrer des habitants du quartier qui ne la connaissent pas, qui n’ont jamais tourné la tête en passant là, qui ne se sont jamais aperçus que, de la place de Clichy, on voit saint Michel qui veille sur la ville, planant au-dessus des immeubles qui font l’angle de La Fourche. 

Combien en revanche que l’on voit lever les yeux en passant avenue de Saint-Ouen, qui s’enorgueillissent de la voir de leur séjour, de leur cuisine ou de leur salle de bain, qui lui jettent un regard confiant à toutes les occasions, qui sont rassurés par sa présence fidèle ! Ceux-là savent que saint Michel est là, silencieux mais présent, discret mais lumineux. Ils savent que si cette statue est là-haut, ce n’est pas simplement pour qu’on la voie de plus loin, c’est pour qu’on lève les yeux vers elle. Saint Michel est dans le ciel, il est du ciel. Lorsque nous tournons notre regard vers lui, nous sommes rappelés à ce Royaume des Cieux dont nous sommes les citoyens.

Sur le champ de bataille qu’est cette terre, dans nos peines, nos souffrances, nos difficultés, il arrive que nous ne sachions même plus de quel camp nous sommes. La fumée de la canonnade, la sueur qui nous tombe dans les yeux, la douleur de nos plaies mises à vif par l’ennemi nous font alors perdre de vue le sens de notre existence. Nous ne savons plus où nous en sommes et, parcourant les rues pleines de bruit et de fureur de notre existence, nous ignorons où aller ; à ce moment, si nous regardons saint Michel, exposant notre visage à sa lumière, notre prière se tourne vers lui et nous retrouvons le général qui nous redonne confiance, qui nous montre le ciel auquel Dieu nous appelle. Descendant l’avenue de Clichy ou remontant l’avenue de Saint-Ouen, nous allons à nos affaires et, au milieu de notre parcours empressé, le général en chef de la milice céleste nous fait un clin d’œil, nous dit qu’il est bien là, que notre combat n’est pas vain, que, si nous le voulons bien, il le mènera avec nous tout au long de notre vie et qu’au dernier de nos jours, il désire ouvrir à notre âme la porte du ciel. Nous lui répondons d’une simple prière jetée vers le ciel avant de replonger dans le combat dans lequel nous savons qu’il nous défend.

Là, nous reprenons confiance : par son épée qui, du ciel, descend sur terre pour mettre à bas les ennemis de Dieu, par son armure de lumière dont nous avons nous aussi été revêtus à notre baptême, par ses pieds qui écrasent le démon. Nous ne sommes pas seuls dans notre peine, Dieu « donne mission à ses anges de nous garder sur tous nos chemins », il a envoyé un général fort et puissant qui ne permettra pas que l’ennemi prévale. Nous plaçons en Dieu notre confiance, en saint Michel, son archange, notre force. Nous sommes des fourmis dans ce monde, si facilement brisés, si aisément écrasés ; lui est fort, accrochons-nous à lui, c’est lui notre patron, notre fort, notre armure, notre épée, notre victoire. Saint Michel, Archange, défendez-nous dans le combat. Amen.