
Homélie du 6e dimanche de Pâques
Messe de première communion
« Chez lui, nous nous ferons une demeure. »
Une maison tient sa grâce de celui qui l’habite. La présence de ses habitants donne tout son sens au logement qui n’est plus simplement des murs mais un foyer, le lieu d’une vie. Découvrir une demeure en l’absence des habitants qui l’occupent habituellement est une expérience paradoxale : tout semble nous rappeler qu’elle n’a sa raison d’être que par eux et, du même coup, leur absence n’en est qu’un vide plus criant.
Ceci est également vrai des maisons que Dieu s’est choisies sur cette terre ; et, la première d’entre elles, c’est l’église. Elle tient sa beauté du Seigneur qui y demeure. Ce que nous admirions à Notre-Dame tient son sens, sa cohérence de la présence de Dieu en elle. La façade, les tours, la voûte et les vitraux existent pour abriter celui qui loge au tabernacle. Sa présence réelle, bien que discrète, est la raison pour laquelle tout cela a été fait. La moindre pierre est là pour tourner le regard de nos cœurs vers celui qui habite au milieu de notre ville. Aujourd’hui, nous savons qu’il manque davantage à notre cathédrale que sa charpente et sa flèche, il lui manque la présence de son Seigneur et nous attendons le jour où il pourra revenir en sa demeure restaurée.
Même défigurée, Notre-Dame est magnifique et ce qu’il reste en elle de beauté appelle ce jour. Cependant, il est une demeure de Dieu plus belle encore et c’est notre âme. Notre-Dame est merveilleuse mais elle n’est encore qu’une construction humaine ; notre âme est la maison que Dieu a façonnée pour venir y habiter. Notre visage en est la façade, notre regard en est le vitrail et quand nous entrons à l’intérieur, quand nous venons y prier, nous découvrons qu’elle est ample, belle et majestueuse, qu’elle a aussi des trésors secrets connus de Dieu seul qui l’a construite. Nous avons pu l’abîmer par notre péché qui tente de la réduire en cendres mais le Seigneur désire s’y établir et la rendre à une splendeur plus grande encore que celle de notre naissance, et ce qu’il reste en elle de beauté appelle cette venue de Dieu qui la restaurera.
D’ailleurs, en entendant la lecture de l’Apocalypse, nous comprenons que c’est d’elle dont Saint Jean parle : « elle avait en elle la gloire de Dieu ; son éclat était celui d’une pierre très précieuse, comme le jaspe cristallin. », « son luminaire, c’est l’Agneau » ; ce qui fera l’éclat de notre âme, c’est l’Agneau, le Christ, si nous le laissons venir habiter en nous. Aujourd’hui, le Seigneur vient faire en votre cœur sa demeure, il vient vous donner d’être une création nouvelle. Il vient rebâtir en vous les charpentes et la flèche, il vient être votre hôte, votre architecte et votre lumière.
Alors, laissez-le faire. Ouvrez-lui tout grand les portes de votre existence. Ne craignez pas de lui présenter tout votre être : vos richesses et vos faiblesses, vos qualités et vos défauts, les parties de vous qui sont encore debout et celles qui ont disparu. Laissez-le faire, confiez-lui votre corps, votre cœur, votre esprit et votre âme. Ne craignez pas d’être trop laids ou trop indignes de lui car c’est lui qui vient nous rendre magnifiques, c’est lui qui vient redonner à notre regard sa lumière et à notre visage sa beauté, c’est lui qui vient donner à notre cœur de rayonner de son amour pour en abreuver le monde. Amen.