
Homélie du 2e dimanche de l’Avent
« La parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie »
En situant Jean-Baptiste dans le temps, Saint Luc cite le nom de quatre personnages qui réapparaîtront dans la suite de l’évangile : Pilate, Hérode, Hanne et Caïphe. Ces quatre-là condamneront le Christ. Le contraste avec le Baptiste saute aux yeux du lecteur. En effet, le procurateur romain, le roi Hérode, les grands prêtres ont accaparé leur pouvoir au point de tuer le Christ lorsqu’il sembla les menacer, alors que Jean a tout remis entre les mains de l’Agneau de Dieu en disant : « Il faut qu’il grandisse et que je diminue ».
Pourtant, comme chacun de ces personnages destiné par sa naissance aristocratique à occuper de hautes fonctions, Jean avait reçu par sa naissance miraculeuse et la parole de l’ange à Zacharie – « il sera grand devant le Seigneur » – une vocation d’importance. Il aurait pu s’en prévaloir pour refuser de s’abaisser devant le Messie. La vraie grandeur du Baptiste est précisément d’avoir renoncé à la puissance humaine pour tout recevoir de Dieu, avoir conscience de n’être que la voix alors que Jésus était le verbe, de n’être que la lampe alors que Jésus était la lumière. Jean Baptiste savait qu’il avait reçu de Dieu tout ce qu’il était.
Pourtant, n’en doutons pas, comme chacun des puissants précédemment cités, comme chacun de nous, Jean a été tenté de s’accaparer sa vocation. Comment a-t-il donc tenu sa place ? « La parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie. » Jean a replongé sa vocation dans le désert. Il est allé la réentendre dans le silence de la prière pour la recevoir à neuf de Dieu. De la plus universelle des vocations qu’est notre baptême, jusqu’aux plus originales comme peuvent l’être notre profession, nos responsabilités, etc., en passant par les plus courantes que sont celles d’être époux, père, mère, toute vocation demande à revenir au désert de la prière pour la recevoir à neuf. Nous risquons toujours de prendre les choses pour acquises, d’oublier que Dieu seul nous appelle et nous envoie. Nous ne pourrons accomplir parfaitement notre vocation que si nous la recevons à chaque instant de lui. Lorsque Jésus dit à Pilate : « Tu n’aurais aucun pouvoir si tu ne l’avais reçu d’en haut », il lui rappelle qu’il n’est vraiment à sa place que dans la reconnaissance de l’origine de son pouvoir.
Dès lors que nous nous imaginons dans une position établie, nous devenons opaques à la grâce de Dieu. Alors, le baptisé se perd en cessant d’être l’image du Christ en ce monde, le prêtre s’interdit de transmettre celui auquel il devrait être donné, la mère retient la vie de ses enfants au lieu de leur communiquer celle qu’elle a reçue gratuitement de Dieu. Pour retrouver à plein notre vocation, il nous faut revenir au désert. En suivant Jean dans la prière, nous renonçons pour un temps aux aspects les plus visibles de notre vocation, nous remettons tout pouvoir entre les mains du Tout-Puissant pour qu’il puisse nous faire entendre la vérité de notre appel. Amen.