Calendrier de l’Avent

Homélie du 1er dimanche de l’Avent

« On verra le Fils de l’homme venir. »

Il suffit de parler de Noël à un enfant pour entrevoir dans ses yeux ce que peut être l’impatience. Est-il encore des choses que nous attendons comme un enfant ? Il faudrait pourtant que nous espérions le Seigneur avec cette simplicité-là, celle qui donne de croire que le bonheur est tout proche, Qu’est-ce qui pourra réveiller en nous cette impatience enfantine ?  

Ce n’est pas le genre de choses qui peut se forcer. On ne peut décider un jour d’être impatient et le devenir. En revanche, nous pouvons essayer d’imaginer ce que serait la vie si nous étions véritablement assoiffés de sa venue, si nous attendions le Seigneur comme un enfant attend Noël, avec cette même joie, cette même lumière dans les yeux, si nous avions au cœur cette certitude qu’il est là, tout proche, qu’il nous aime et qu’il aspire de tout son être à ce jour où nous serons en lui. Savoir que l’aimé vient à nous change tout. La vie prend une couleur particulière, nous habillons notre cœur de cette attente et notre journée en est transfigurée. Si nous étions tout orientés vers son avènement, notre vie entière en serait changée. Nos cœurs souffriraient encore de son absence mais cette douleur même serait aussi la joie de l’aimer et d’espérer en lui. Il ferait encore nuit mais les ténèbres ne pourraient totalement nous inonder car il y aurait en nous la lumière naissante du point du jour.

Faire ce travail d’imagination, c’est déjà voir commencer à poindre en nous une impatience. Si les enfants attendent Noël avec tant de fièvre, c’est bien que leur imagination est pleine de ce qui s’y passera : la famille, les cadeaux, la crèche, les chants, les bougies, les couleurs, le réveillon, etc. Imaginer c’est commencer à se projeter, c’est relancer en nous la mécanique du désir. Or, la grande différence entre la venue du Seigneur et celle d’un Noël d’enfant, c’est qu’un Noël peut décevoir alors que nous savons déjà que Dieu débordera infiniment notre attente. Aussi grand que nous le désirons, lorsqu’il se donnera à nous il devra encore élargir notre désir à sa mesure. Là, nous sommes au seuil du mystère. Le Seigneur dépasse tout ce que nous pouvons en espérer. L’aimé nous surprendra. Le cadeau ne sera pas celui que nous avions mis sur la liste en pensant savoir ce qui pouvait nous rassasier, il sera celui qui nous comblera. Sa présence sera celle que nous désirions sans le savoir. 

Se préparer à une telle venue dépasse forcément les ressources de l’imagination et c’est le travail de la prière. Sans rejeter l’imagination, la prière creuse un sillon plus profond. Sous la surface, parfois sans même que nous nous en apercevions, elle prépare en nous la place de Dieu. Elle est absolument irremplaçable. Seul le silence, un vrai silence peut ouvrir en nous un espace pour notre Seigneur. En effet, il se tient comme ce parent qui saurait que par-delà ce que son enfant attend de Noël, il lui a prévu une surprise bien meilleure et totalement inouïe. Le Seigneur nous regarde ; bien qu’elle nous semble fragile, il voit notre espérance et s’en réjouit par devers lui en se disant : « si tu savais tout ce que je te prépare, mon enfant ! Un jour tu sauras mon secret, un jour je te le partagerai en plénitude et tu seras comblé bien au-delà de toute attente. » Amen.