Homélie du 26e dimanche du temps ordinaire
« Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla »
Raymond avait douze ans lorsque sa mère, désespérée par son attitude, s’exclama : « Mon fils, qu’est-ce qu’on va faire de toi ? » Raymond qui agissait mal mais croyait fermement en Dieu partit se réfugier près d’une autre mère, la Vierge Marie. Lorsqu’il sortit de sa prière, il n’était plus le même. Marie lui avait montré son avenir et par le regard d’espérance qu’elle avait posé sur lui, elle avait fait de lui un garçon rayonnant et lumineux. En un instant, Raymond avait vécu ce dont le Christ parle aujourd’hui, cette bonne nouvelle : celui qui a dit non, peut faire oui.
Certes, nous ne changerons jamais rien au passé. Nous pouvons le réécrire autant que nous voulons pour tromper nos mémoires et les autres en leur racontant des histoires, cela n’y fera rien car ce qui est dit est dit, ce qui est fait est fait. Pire encore, chaque instant du présent semble se dérouler dans la suite logique de ce passé désormais figé. Une mauvaise habitude contractée il y a bien longtemps nous colle aujourd’hui à la peau et, si nous cherchons à en sortir, nos connaissances se chargent de nous y ramener sans y prendre garde en nous rappelant notre réputation et nous poussent ainsi à correspondre à ce que nous avons toujours été. Ce que nous avons fait, ce que nous avons dit est immuable et nous nous en sentons captifs.
Pourtant, depuis le jour où Jésus a jailli de la mort, il a fait du passé apparemment enfermé définitivement dans le tombeau la source de la vie nouvelle et éternelle. Au soir du vendredi saint, l’affaire était entendue et close ; cependant, au matin de Pâques, tout était renouvelé. Il en va ainsi de notre passé et en particulier de nos « non ». Enchaînés à ce qui a été, nous disons : « Qui a bu boira » et nous ne savons pas changer. En prière, nous plongeons notre histoire dans le sépulcre du Christ pour qu’il fasse revivre ces racines et leur donne de porter un fruit nouveau et inattendu. Lui seul peut faire que nous ne restions pas bloqués dans les impasses dans lesquelles nous nous sommes égarés.
En déposant ces péchés devant lui dans la confession, nous le laissons nous montrer notre avenir. Notre futur devient alors celui de la miséricorde, elle ouvre des chemins là où nous pensions : « que va-t-on faire de moi ? » Nous avons du prix aux yeux de Jésus et son regard nous rend l’espérance. Aucun mal commis ne peut occulter cette lumière qu’il dépose ainsi en nous et qui nous appelle à être à la hauteur de notre valeur.
Raymond devint franciscain sous le nom de Maximilien. Après avoir rayonné par sa parole et ses écrits dans son ordre, de la Pologne jusqu’au Japon, il fut arrêté par les nazis et, au camp d’Auschwitz, il donna sa vie pour un père de famille. Dans sa prière de jeune garçon, en lui montrant une couronne blanche et une couronne rouge, Marie avait voulu lui dire : je vais faire de toi un homme plein d’amour et courageux à en donner ta vie, je vais faire de toi un saint et un martyr. Contre le démon qui s’acharne à nous susurrer : « que va-t-on faire de toi ? », Jésus nous déclare aujourd’hui : « Je vais t’unir à ma croix et ma résurrection, je vais faire de toi un saint et un martyr ». Amen.