Je suis bon

_37A0053Homélie du 25e dimanche du temps ordinaire

« Moi, je suis bon » Mt 20, 15

Il n’est pas facile d’y croire et c’est le cœur de notre acte de foi. Nous concentrons souvent notre attention sur l’existence de Dieu qui est pourtant évidente : s’il est une création, il est un créateur, quelle que soit la forme qu’on lui donne. Mais si les athées rejettent ce créateur dans le néant c’est la plupart du temps précisément en raison de la souffrance, du mal, de la mort qui rendent si difficile de croire en la bonté d’un Dieu créateur.

Notre acte de foi ne porte donc pas tant sur l’existence de Dieu que sur sa bonté. La bonté de Dieu apparaît invraisemblable quand nous regardons le monde et son injustice : l’écrasement des plus innocents, le triomphe des mauvais, la souffrance des plus faibles, l’impunité des puissants. Contre toute apparence, Dieu se révèle pourtant comme innocent du mal et le haïssant absolument.

Dans ce passage de l’Évangile, chacun reçoit le salaire juste et bon, la pièce prévue depuis le commencement. Cette pièce marquée de l’effigie du roi est l’image du don fait à ceux qui s’approchent de Dieu pour collaborer avec lui : ils reçoivent son visage c’est dire qu’ils sont rendus semblables à lui. C’est pourquoi, en nous révélant qu’il est l’ennemi de tout mal blessant sa création, le Fils de Dieu nous manifeste aussi que nous sommes appelés à nous unir au combat qu’il mène depuis le premier péché pour mettre à bas l’ennemi et guérir l’humanité. Face au mal et à la souffrance, le Seigneur a engagé depuis le premier instant la lutte, elle est la plupart du temps invisible, c’est à celle-ci qu’il nous engage afin que triomphe définitivement le bien en nous et en tous.

Pour lutter avec lui, il est une arme qui manque aux ouvriers de la première heure : l’acte de foi en la bonté divine car c’est ainsi que nous le choisissons pour roi et nous rangeons franchement du côté de la lumière avec Saint Michel. Alors que l’ennemi a troublé notre regard, qu’il a brouillé les cartes et qu’il profite de la mêlée pour nous frapper et rendre le Seigneur coupable de ces coups, nous redisons à Jésus notre confiance. Quand tout semble nous dire le contraire, nous tournons les yeux vers l’unique et définitive preuve de son amour pour nous : la croix. De toutes ses forces, de toute sa puissance, il s’est jeté dans la lutte, il y a plongé tout entier et sans retenue, il s’est fait un corps et une âme pour descendre avec nous jusque dans la mort. Dieu ne nous abandonne pas, il lutte avec nous.

Celui qui a ainsi donné sa vie pour nous, ne peut choisir le mal de ses enfants ni même le tolérer, il ne peut être que bonté. Certes, nous ne comprenons pas toujours où est le Seigneur, ce qu’il fait, comment il agit, aussi est-ce avec simplicité que nous nous remettons entre ses mains. Quand tout semble nous abandonner, dans nos obscurités, il ne nous reste plus qu’une prière enfantine, il est des heures où nous ne savons rien dire d’autre que : « Jésus, j’ai confiance en toi ».  Amen.