L’homme en blanc

maxresdefault-2Homélie du 21ème dimanche du temps ordinaire

« Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela mais mon Père qui est aux cieux »

Jésus savait pourtant qui il était ! Voilà pourtant qu’il demande à ses apôtres de le lui dire. C’est Pierre qui prend la parole et exprime le mystère de Jésus en disant : « Tu es le Christ le Fils du Dieu vivant ! » Comme Jésus le lui fait savoir, Pierre n’a rien inventé de lui-même mais il a dit ce qu’il a contemplé, ce que le Père lui a révélé. C’est pourquoi la parole de Pierre nous éclaire sur Jésus d’une manière toute particulière. Sans Pierre, nous pourrions regarder Jésus et penser comme beaucoup : « c’est un sage », « c’est un prophète », autrement dit, c’est un homme un peu meilleur que nous mais toujours un homme, un être de cette terre qui nous aide à vivre ici-bas. Pierre affirme autre chose. Il affirme que Jésus est du ciel. Il nous montre ce que nous risquerions d’oublier, il nous empêche de refermer la porte, il nous rappelle qu’en Jésus davantage nous appelle.

Cette vocation est aussi celle du successeur de Pierre. Le pape est chargé de s’assurer que Jésus soit reçu en plénitude, tel qu’il est. Il oriente en permanence nos regards vers le ciel et nous oblige à ne pas nous contenter d’une simple sagesse humaine. De nos jours, quand le pape est critiqué, c’est qu’il a été fidèle à cette vocation : il a rappelé aux hommes que Jésus était le Fils de Dieu et que nous aussi étions faits pour être fils de Dieu, faits pour le ciel.

C’est pourquoi nous ne choisissons pas le pape, nous le recevons de Dieu. Lorsqu’ils doivent le désigner, les cardinaux le font comme une prière, dans une chapelle au cours d’un office liturgique. Et, lorsqu’il est à sa fenêtre perchée dans le ciel de la place Saint-Pierre, il parle pour nous ouvrir les portes du ciel. Saint Pierre porte les clefs et nous aurions tort d’imaginer qu’il ne les utilisera que le jour de notre mort. En la personne du pape, Saint Pierre est là durant toute notre vie qui nous apprend à vivre ici-bas du ciel, qui nous rappelle la hauteur de notre vocation, qui nous empêche de nous arranger avec notre conscience ou de nous faire un Jésus à notre niveau.

Cette vocation, il l’accomplit par sa parole à temps et à contretemps : en appelant à l’accueil des réfugiés dont plus personne ne veut, en rappelant la beauté du mariage jusqu’à la mort, en criant pour les petits qui ne peuvent parler et que l’on assassine, en manifestant le trésor qu’est le célibat sacerdotal, en osant nommer Satan et son enfer par leur nom, etc. Il y a un côté poil-à-gratter dans sa parole et, si nous sommes honnêtes, nous reconnaîtrons que l’un ou l’autre aspect de son discours nous est plus difficile à recevoir. Notre tentation est alors de faire le tri ; pourtant, si nous voulons marcher vers le ciel, il nous faut accueillir le pape non comme celui qui aurait toujours raison ou toujours tort, mais comme notre père, ainsi que son nom de « pape » l’indique.

Comme un père, malgré ses défauts, montre avec affection à ses enfants la voie qui leur permettra d’être adultes, le pape nous montre la voie du ciel. Bien des journalistes s’égarent et nous perdent quand ils cherchent uniquement les raisons humaines de son action. Ils oublient l’amour qui attache le père à ses enfants, le pasteur à son troupeau. Plus qu’un père, le pape se soucie de notre avenir, non seulement de notre avenir terrestre mais du salut de nos âmes ; c’est par souci pour nous et notre vie éternelle qu’il ouvre la bouche. Voilà qui devrait ouvrir notre oreille et rendre notre cœur davantage disponible à sa parole. Amen.