Première Rencontre

Capture d_écran 2017-05-13 à 19.52.27Homélie du 5ème dimanche de Pâques

Messe de 1ère communion

« Je suis le chemin, la vérité et la vie. »

C’est l’heure de la rencontre. Toute l’Église, la Bible, les prêtres, le pape, le catéchisme, tout cela n’a qu’une seule vocation : nous donner de rencontrer Jésus-Christ. Aujourd’hui, c’est l’heure, l’heure de votre première rencontre personnelle avec Jésus.

Vous avez fait déjà bien des rencontres qui comptent, en particulier celles de tous ceux qui vous aiment. Il y a eu en premier lieu vos parents, puis des frères et sœurs peut-être, enfin vos amis. À ceux-là, vous ouvrez votre cœur. Affrontant la difficulté que cela représente, bravant l’éventualité de l’incompréhension, osant risquer ce que vous avez de plus précieux dans le fond de votre être, vous leur découvrez vos joies et vous les laissez éclairer vos ténèbres ; auprès d’eux, vous trouvez l’apaisement dans les larmes et ce sont encore eux qui partagent vos moments de plus grand bonheur. Parfois pourtant, ils ne sont pas là. Leur absence physique n’est pas la plus pénible ; c’est bien pire lorsque vous attendez d’eux la consolation et qu’ils ne vous comprennent pas ; leur incompréhension ajoute alors à votre douleur. Parfois même, vous comptiez sur eux et ils vous ont trahis, dérobant le sol sous vos pieds ; puis, si vous en avez trouvé la force, vous vous êtes avancés sur le long chemin du pardon pour donner à nouveau votre confiance. Cependant, malgré ces difficultés, la présence de ces proches vous est plus précieuse que l’or.

Il en vient un qui t’aime plus qu’eux tous. Aujourd’hui, il s’approche de toi, c’est toi qu’il vient rencontrer pour t’écouter et se révéler à toi, pour te recevoir et se donner à toi, pour être avec toi. Lui qui t’a fait te comprend mieux encore qu’une mère ne peut comprendre son enfant ; lui qui t’aime t’est présent bien plus que le plus attentif des amis ; lui qui t’attend, est sans cesse à guetter le son de ton pas et l’écho de ta voix. Si depuis des mois, tu as espéré impatiemment cette première communion, Jésus l’a désirée depuis la nuit des temps. En effet, s’il a préparé sa venue sur la terre durant les millénaires de l’Ancien Testament, s’il a dévoilé son cœur aux apôtres dans le Nouveau, s’il a fondé l’Église et cette lignée de prêtres qui traverse les siècles, c’était pour te rencontrer aujourd’hui, pour être ton chemin, ta vérité, ta vie.

Cette rencontre avec chacun de vous, il s’y est préparé et il vous y a aussi préparés, non seulement ces derniers mois mais depuis ces souvenirs lointains où vous entendez pour la première fois son nom un soir de Noël, lors de votre toute première prière, le jour où vous avez appris le Notre Père et à chacune de ces séances de catéchisme où vous cherchez à mieux le connaître. Aujourd’hui, il s’avance en personne vers vous. Ce ne sont plus d’autres qui vous parlent de lui mais lui-même qui accourt à votre rencontre.

Cette rencontre est faite d’une proximité absolue et d’un immense mystère. Vous ne serez pas plus loin de lui que ne l’étaient Abraham qui entendit la voix de Dieu, les apôtres qui mangèrent à sa table et Marie qui reçut Jésus dans son sein. Vous ne serez pas moins près mais vous n’en verrez rien que les signes du pain et du vin. Vous n’entendrez pas de voix, vous n’apercevrez pas le visage de Jésus, vous ne sentirez peut-être rien d’extraordinaire :  l’essentiel est votre foi en sa parole. Ceci est mon corps, nous dit-il ; à la lumière de cette parole vous sortirez de votre rang et vous avancerez vers lui. Ce qui vous guidera c’est la confiance que vous avez en lui. Ici, nous marchons dans la nuit, nous ne voyons rien mais nous nous confions et nous abandonnons à lui, comme lorsque, les yeux fermés, nous nous laissons joyeusement guider par un ami qui veut notre bien. Amen.

 

 

« Vous avez trouvé de grandes et douces joies auprès de ceux qui vous aiment, et vous vous êtes plu à leur ouvrir ce cœur, à leur ouvrir ce que vous y aviez de plus pur pour le leur donner, ce que vous y aviez de plus sombre pour qu’ils l’éclairent et le clarifient. Mais il en vient un qui vous aime plus qu’eux tous, qui saura avec une infinie douceur découvrir tout ce qui est en vous sans que vous ayez besoin de faire l’effort souvent si douloureux, exposé à tant d’incertitudes et d’incompréhensions, qu’il nous faut faire pour nous révéler à ceux qui sont le plus près de nous. Et celui-là en retour se révélera à vous comme votre mère dans sa plus grande tendresse ne pourrait se faire connaître à votre amour. »

Louis Bouyer, Venez, car tout est prêt