Homélie du 2ème dimanche de l’avent
Produisez donc un fruit digne de la conversion.
Convertissez-vous, cela signifie littéralement « changez de direction ». Nous marchions dans un sens et nous allons marcher dans l’autre. Nous ne savons pas bien comment cela peut se produire, nous craignons peut-être un changement dont nous ignorons où il nous mènera et dont nous entrevoyons déjà ce qu’il nous forcera à abandonner. Cependant, après nous être arrêtés la semaine dernière à chercher le sens de notre existence, nous devons cette semaine reconnaître que pour retrouver cette orientation, il va nous falloir changer de direction afin de ne pas être divisés : les yeux fixés sur Jésus-Christ alors que nos pas nous en éloigneraient. Nous voulons marcher dans la direction de celui vers qui se portent nos regards. Nous voulons recevoir celui qui vient, comment ouvrir son cœur à sa venue ? Arrêtons-nous une nouvelle fois et demandons-nous ce que cela implique.
Tout commence avec l’espérance et ce sont les premiers mots de Jean-Baptiste : « Le Royaume des Cieux est tout proche ». Dieu est à portée de main. Nous nous souvenons des œuvres que le Seigneur a faites pour nous et de celles encore plus grandes qu’il peut réaliser. Rien n’est impossible à Dieu. Aucune situation ne peut nous empêcher d’être saint. Il y a là une affirmation à poser, un acte d’espérance qui confesse, parfois contre tout espoir humain mais non sans le témoignage des merveilles passées, que Dieu est fidèle dans ses promesses et qu’il est puissant dans leur réalisation.
Si, les yeux fixés sur le Christ notre espérance, nous rassemblons les forces qui nous habitent pour nous jeter en avant vers lui, des lumières inattendues nous seront données, des avancées insoupçonnées se produiront, des blocages irrémédiables seront levés. Oui, il nous faudra agir ; oui, cela nous coûtera ; oui, il faudra renoncer à des conforts pour trouver la joie. Le premier pas est souvent des plus douloureux, mais dès lors que nous nous mettons en chemin, nous découvrons que la route nous a déjà changés : ce n’est déjà plus nous seuls qui agissons, la joie reçue dépasse infiniment les regrets laissés derrière.
Nous tournions notre espérance vers le Seigneur, tout cela nous semblait un beau rêve et pourtant nous craignions l’effort que nous arracheraient nos pas vers lui ; mais voilà que, par nos yeux, il a empli nos mains de sa force à lui. Toute action qui nous oriente vers lui est donc en même temps un abandon à sa grâce. Le baptême que Jean prêchait était d’ailleurs signe de cet abandon : en se laissant porter dans l’eau par le Baptiste, les repentis disaient leur désir de recevoir d’un autre la conversion vers laquelle les portait le désir de leur cœur.
Espérance, action et abandon sont comme les trois conditions en même temps que les trois fruits de toute conversion. Les trois se répondent et se conjuguent : les avancées que nous faisons nous portent à croire que d’autres sont possibles, la grâce de Dieu agissante dans nos vies nous pousse à nous donner plus encore et l’espérance grandissante qui nous anime nous conduit à la sainteté. Amen.
« Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s’ouvrent dans leur cœur ! Quand ils traversent la vallée de la soif, ils la changent en source ; de quelles bénédictions la revêtent les pluie de printemps ! ils vont de hauteur en hauteur et se présentent devant Dieu à Sion » Ps 83.
Saint-Michel – 4 décembre 2016