Jésus, mon roi !

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Homélie de la fête du Christ-Roi

« Jésus souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume »

Face au Christ sur la croix, l’évangile d’aujourd’hui nous montre deux attitudes. Tout d’abord, ceux qui se placent à l’extérieur du drame et en accusent Jésus ; après tout, il ne tient qu’à lui qu’il en soit délivré : « Sauve-toi toi-même ! ». Ensuite, le bon larron : il n’est pas simplement sur la croix comme le Christ mais il est avec Jésus – ainsi que celui-ci le lui dira – ; c’est-à-dire qu’il reconnaît la vérité de l’inscription placée au-dessus de sa tête : le roi des Juifs, et, sans doute sans saisir pleinement le sens de la croix, il place cependant sa confiance dans ce roi-là.

Or, si Jésus est roi, c’est parce qu’il est demeuré sur la croix ; si nous voulons participer à son Royaume, c’est là que nous l’y rejoindrons. La royauté du Christ ne s’étend pas par le pouvoir des armées, elle n’use pas de l’influence d’un prestige national et n’est pas non plus une puissance commerciale. La royauté du Christ étend son pouvoir sur les cœurs par l’amour car il ne désire pas régner extérieurement sur nous mais mendier nos êtres mêmes. Les armes assujettissent et les vaincus se soumettent extérieurement mais, intérieurement, ils redoublent de rébellion envers leurs dominateurs. Au contraire, le triomphe de Dieu c’est cette croix où le Fils de Dieu innocent s’offre plutôt que de fuir ou de répondre à la violence. C’est ainsi qu’il gagne le cœur des pécheurs : en livrant son corps désarmé entre leurs mains tout en leur ouvrant un cœur qui ne laisse pas de prise à leur haine.

« Lui, il n’a rien fait de mal…Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume». Alors que les autres voient Jésus exercer sa royauté par des signes extérieurs de puissance, le bon larron a donc compris que ce règne de Jésus est un empire intérieur qui grandit à mesure qu’il se donne. Jésus est resté sur la croix pour que les frontières de son Royaume prennent les dimensions du monde, que nul ne soit trop éloigné dans le domaine du mal pour ne pouvoir être rejoint par cet amour qui se donne sans compter.

Les fiancés qui sont aujourd’hui parmi nous démarrent une aventure qui sera leur joie s’ils la vivent jusqu’à cette folie-là. Un jour vient où l’alternative se présente de descendre de la croix ou d’y rester, de renoncer à croire à ce que l’on a espéré ou de se donner encore davantage pour ne pas perdre de vue l’étoile à laquelle on a accroché sa vie. Ce choix entre le « Sauve-toi, toi-même » et le « Jésus, souviens-toi de moi » est décisif. C’est en se donnant encore, en restant sur la croix avec le Christ, alors même que tout peut sembler perdu, en offrant nos dernières forces pour aller plus loin et suivre le crucifié, que nous sommes entraînés par lui au-delà de ce dont nous nous imaginions capables. Ceux qui choisissent ainsi de demeurer avec Jésus sont dès aujourd’hui, avec le bon larron, les sujets du ciel et participent à la joie unique de ceux qui se donnent. Amen.