Apocalypse now

tintin-apocalypse

Homélie du 33ème dimanche du temps ordinaire

« C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie »

Nous sommes sans cesse en train de nous adapter au monde extérieur ou de chercher à faire ressembler le monde à nos désirs les plus profonds. Chaque acte bon que nous posons peut se rapporter à cela : nous travaillons pour transformer le monde à l’image de l’idéal de notre être ; nous écoutons et parlons pour trouver la communion avec l’autre – lui faire connaître notre cœur, nous accorder, nous unir. Si l’efficacité n’est pas toujours au rendez-vous, cela reste l’objectif originel de la parole.

Parce que la prière nous applique à une attention dans laquelle nous guettons la voix du Seigneur et la laissons résonner en nous, elle est le moyen par excellence qui permet cette unité du monde extérieur et de notre monde intérieur. En effet, elle nous ouvre à la parole de Dieu : c’est là qu’il nous apprend le mystère de notre être et du monde qu’il a créés et il nous y dit ce qu’il nous appelle à faire pour le transformer et le sanctifier.

A ce travail que nous accomplissons avec le Seigneur, un ennemi s’oppose. Il cherche à nous diviser et à maintenir en nous la fracture qui nous empêche d’être heureux ; ses armes sont énumérées par Jésus, entre autres : la guerre, les tremblements de terre, la persécution. Chacun de ces moyens vise à dresser l’homme contre lui-même, contre le réel ou contre Dieu pour l’empêcher de trouver l’unité. Il nous arrive de participer à cet écartèlement : lorsque nous ouvrons la bouche pour mentir, calomnier, insulter ; lorsque nous tendons nos bras pour démolir et frapper. Derrière chacun de ces actes destructeurs se tient un général : c’est le démon qui jette toutes ses forces dans la bataille et, dans ces temps qui sont les derniers, cherche à tout prix à maintenir le déchirement de l’homme.

Le Christ, au contraire, travaille le monde pour préparer son avènement qui réalisera toute unité : de l’homme avec Dieu, des hommes entre eux et de l’homme avec lui-même. Sa venue dans la gloire est ce moment où enfin toute chose retrouvera son sens dans l’harmonie avec le Créateur, cela se fera à la lumière du Christ qui a tout créé et qui peut donc seul tout mener à son accomplissement. Ce travail, il le poursuit actuellement en nous par notre persévérance. La vertu de la persévérance, c’est la vertu de ceux qui gardent confiance en la parole du Christ : « pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ». Le persévérant est celui qui lorsque tout semble perdu, lorsque les faits démentent son espérance et que ses plus proches le pressent de tourner le dos à son Sauveur, s’abandonne d’autant plus à Jésus. Cette persévérance, certains l’ont vécue dans le martyre où ils sont allés jusqu’au bout sans céder à la violence pour laisser Jésus être leur défenseur (et le seul qui puisse leur faire traverser la mort) ; cette persévérance, nous pouvons tous la vivre dans la prière, dans ce temps quotidien et humble où le Christ nous transforme, parfois insensiblement, et fait en nous l’unité. Ainsi nous préparons son retour. Amen.