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Homélie du 25ème dimanche du temps ordinaire

Je sais ce que je vais faire pour que des gens m’accueillent chez eux

 Comment se fait-il que nous soyons si sensibles aux mensonges de l’argent ? Nous savons bien que malgré son utilité, il est incapable de nous donner le bonheur. Nous savons encore que la joie est ailleurs, dans des réalités auxquelles l’argent n’a pas de part et qu’il salit dès lors qu’on le laisse en faire commerce. Notre expérience et nos cœurs nous ont enseigné cela et pourtant, si facilement, nous nous laissons aveugler par un héritage, une cagnotte du loto ou le montant de notre compte en banque. C’est que l’argent donne l’illusion de la toute-puissance. Par sa capacité à se métamorphoser, il se prend pour Dieu et nous fait croire qu’il peut répondre à tous nos désirs. Or, parce qu’il n’a aucune valeur intrinsèque, il ne comble jamais personne. C’est son paradoxe. Il nous donne l’impression de sécurité : quand nous en avons, nous pensons ne plus dépendre des autres ou des circonstances alors même qu’il n’a jamais qu’une valeur conventionnelle. S’il vaut quelque chose c’est parce que d’autres lui attribuent la même valeur que nous et nous permettent donc de l’échanger.

Intermédiaire des échanges, réserve de valeur, unité de compte, l’argent est un outil pour la liberté de nos échanges, il les inscrit dans le temps en nous faisant hériter de notre passé pour préparer l’avenir, il permet la paix en donnant un moyen de s’accorder sur la valeur des objets. Mais il ne remplit vraiment cette triple fonction que si nous prenons en considération que nous sommes seulement des gérants comme celui de l’évangile d’aujourd’hui. Nous sommes arrivés nus sur cette terre et nous en repartirons nus, autrement dit les linceuls n’ont pas de poche. Nous ne possédons réellement rien des biens dont nous jouissons ici-bas, un jour viendra où tous nous seront retirés. Placé de manière brutale face à cette vérité, le gérant redécouvre la beauté de l’argent serviteur et sa capacité à changer le monde dès lors qu’on se laisse en être dépossédé pour les autres.

En effet l’argent nous est laissé en gérance afin que nous lui faisions porter le seul fruit qui ne passe pas : l’amour. Le gérant malhonnête visait une chose essentielle : ce qui demeurerait une fois son emploi quitté. Sur cette terre où tout passe, l’argent est un serviteur malhonnête lorsque nous croyons à ses mensonges mais il est bon en un placement : le don. La fonction de l’argent est donc fondamentalement relationnelle. Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, c’est-à-dire donnez-le. Il est tout un tas de situations où nous ne pouvons pas tout livrer: que nous ayons charge de famille ou que nous n’ayons pas la force de tout abandonner ; cependant, nous pouvons toujours donner un peu. Pour nous assurer de ne pas céder aux sirènes de la monnaie, chacun de nos revenus doit être amputé. Cette circoncision de nos biens sera le signe de la première place réservée au don et à la relation dans la gestion de nos biens. Ne gagnons jamais un centime sans en donner une part, c’est ce don qui nous introduira au ciel où tout n’est que gratuité. Amen.

 

Saint-Michel – 18 septembre 2016