Homélie de la Pentecôte
– L’Esprit de Dieu habite en vous –
L’Esprit Saint n’a pas attendu la Pentecôte pour être à l’œuvre dans ce monde. « L’Esprit de Dieu planait sur les eaux » nous dit le second verset de la Bible. Dès la création, il est celui qui donne vie. Toute bonté qui se produit dans ce monde est un fruit de l’Esprit Saint. Il n’est pas nécessaire donc d’être chrétien pour recevoir de l’Esprit la volonté et la force de faire le bien. Ensuite, quand Dieu se révèle, l’Esprit est encore à l’œuvre qui inspire les prophètes pour leur donner de parler au nom même de Dieu, ainsi que nous le disons dans le Credo : il a parlé par les prophètes.
La nouveauté chrétienne est résumée par Saint Paul : L’Esprit de Dieu habite en vous. Nous ne goûtons plus simplement des fruits de l’Esprit Saint, il est venu lui-même faire sa demeure en nous par notre baptême et notre confirmation : le baptême nous rendant capables de le recevoir et la confirmation nous le donnant. Ainsi Dieu se révèle à nous par l’intérieur même de notre personne et lorsque l’on dit qu’il est en nos cœurs, cela signifie qu’il est là, vraiment présent, plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes. Comme chrétiens, nous recevons la révélation divine par l’extérieur et par l’intérieur, les deux participent ensemble de notre connaissance de Dieu. De l’extérieur, le Fils s’est fait connaître en Jésus pour se donner à voir et nous parler. Cette présence nous est transmise par le témoignage des apôtres. Ce témoignage ne nous atteindrait pourtant pas s’il ne trouvait pas en nous un autre témoin : l’Esprit Saint. De l’intérieur, il révèle le même visage du Père. En « cris inexprimables » il nous « enseigne tout », il nous donne de recevoir les paroles qui frappent nos oreilles et de les accueillir non seulement comme des connaissances supplémentaires mais comme la révélation de Dieu lui-même qui nous appelle ses enfants. C’est ce que dit la lecture de l’épître aux Romains : « l’Esprit Saint lui-même atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. »
Saint Ignace d’Antioche écrivait : « il y a en moi une source qui murmure : “Viens vers le Père”. » Cette source, c’est l’Esprit Saint. Une personne divine est présente au plus près de nous pour nous donner de recevoir le Fils et de marcher vers le Père. C’est dire la puissance des sacrements qui nous l’ont donné, un peu d’eau, une onction d’huile, quelques paroles ; la simplicité des gestes n’a d’égal que la grandeur de ce qui s’accomplit en nous où l’Esprit Saint vient résider. La relation avec Dieu est rétablie, nous sommes désormais des saints en puissance, nous retrouvons la ressemblance avec le Fils.
Il reste à laisser l’Esprit Saint agir pour qu’il renouvelle nos facultés et nous donne d’accomplir le bien comme ce qui nous est le plus naturel. La Pentecôte était pour les juifs la célébration du don de la loi. Ce n’est pas par hasard que l’Esprit Saint est descendu sur les apôtres au jour même où les douze tribus de Jacob recevaient les commandements. Ces tables de pierre sur lesquelles étaient gravés les dix commandements préfiguraient l’Esprit Saint, la loi nouvelle gravée en nous. La loi est belle car elle nous montre le bien à faire, cependant elle a pour inconvénient majeur qu’elle ne nous donne pas la force de l’accomplir, aussi peut-elle aussi nous sembler bien lourde à porter. Elle est un panneau indicateur qui pointe vers le ciel sans que nous sachions bien comment nous envoler. Le miracle que peut faire l’Esprit Saint est de nous donner d’accomplir le bien sans qu’il nous soit un poids. « Aime Dieu et ton prochain comme toi-même », ce commandement nous est encore trop souvent pénible : nous souffrons de ne pas assez aimer, nous peinons pour accomplir un acte de charité envers notre voisin, nous nous ennuyons de passer du temps auprès de ce Dieu vers qui nous souhaiterions que nos cœurs se tournent naturellement avec bonheur. L’Esprit Saint qui est l’amour même du Père et du Fils réside désormais en nous, il est notre plus sûr allié, si nous le laissons nous envahir, il transformera nos douloureux efforts en joie d’aimer. Amen.
Saint-Michel – 15 mai 2016