J’ai désiré d’un grand désir

Homélie du dimanche des Rameaux

J’ai
désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous

 

Au moment de sa Passion, les paroles de Jésus
crient un désir immense. S’il s’avance vers le don de lui-même, c’est bien
qu’il espère jusqu’au bout que l’homme réponde à l’amour par l’amour. De ce
point de vue, chaque coup qu’il a reçu fut une surprise. Jésus n’est pas
résigné, autrement il aurait renoncé, il attend ce moment où les hommes
cesseront de frapper, où ils entrouvriront leur cœur à l’amour qu’il déverse
sans mesure.

C’est pourquoi, s’il fut ébranlé et tenté, rien
n’a pu arrêter son offrande : ni la trahison de Judas, ni les reniements
de Pierre, ni la fuite de ses apôtres, ni l’humiliation des gardes et leurs
coups, ni les fausses accusations du Sanhédrin, ni le mépris d’Hérode, ni la
lâcheté de Pilate le livrant à la mort, ni son dénuement au pied de la croix,
ni enfin les clous plantés dans sa chair qui provoquèrent lentement sa mort.
Rien de tout cela n’a éteint en lui la soif d’amour, le désir qu’il avait de
partager sa Pâque avec nous. Au contraire, chacune de ses blessures ne faisait
qu’agrandir davantage dans le cœur du Fils de Dieu la blessure qui proclame à
chacun de nous : « j’ai soif de ton amour », blessure toujours
ouverte qui jamais ne nous force mais toujours nous espère.

Sur la plaie béante du cœur divin assoiffé, il
en est un qui dépose son âme, un qui s’unit à ce que vit Jésus. « Jésus,
souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » demande le bon
larron. Il joint ainsi son désir à la soif de Jésus. La réponse du Christ
manifeste l’accomplissement de l’union du bon larron et de son Sauveur, union
qui traversera la mort.

En ce jour, nous n’avons plus rien à offrir que
nos désirs béants. Le carême a creusé en nous la soif de sainteté, le désir du
bonheur, la conscience de notre faiblesse, il a fait de nous des affamés. Cette
semaine, le Seigneur n’attend de nous que ce cœur ouvert. En tendant les mains
vers le Seigneur pour lui présenter nos offrandes, nous découvrons qu’elles
sont vides de tout ; nous voudrions lui donner l’amour qui jaillit de nos
cœurs et nous apercevons alors que ceux-ci sont vides, comme incapables
d’aimer. Suivons-le sur la croix, crions vers lui comme le bon larron,
offrons-lui la seule chose qui nous reste : la béance de notre désir, afin
qu’il l’agrandisse et puisse nous combler. Amen.  

Saint-Michel – 20 mars 2016