Touché-coulé-sauvé

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Homélie de la fête du Baptême
du Seigneur

En toi, je trouve ma joie.

Le baptême nous fait plonger dans la mort et la
résurrection du Christ. Il nous lave du péché et nous rend frère et sœur de
Jésus, nous ressortons de l’eau baptismale avec un nouveau nom de
famille : au nom du Père et du Fils
et du Saint-Esprit
, un vêtement blanc symbole de la pureté de Jésus-Christ,
et déjà ressuscité ! Être baptisé, c’est mourir pour vivre. Vous savez
bien qu’être plongé dans l’eau, c’est la mort. Il suffit pour l’expérimenter
d’avoir été coulé à la piscine. L’angoisse qui nous envahit lorsque l’air
manque, c’est notre angoisse devant la mort. Dans le baptême, nous nous
laissons couler dans l’eau et nous nous confions ainsi totalement en
Jésus : il est notre seul espoir dans la mort, il va nous en sortir et
nous donner sa vie.

Si certains parmi vous se préparent à ce baptême,
aujourd’hui ce n’est pas encore votre baptême mais celui de Jésus et nous nous
demandons pourquoi Jésus a voulu être baptisé. Jean le dit : Il est plus fort que moi, je ne suis pas
digne de dénouer la courroie de ses sandales.
Pourtant, Jésus s’approche et
il est baptisé lui aussi. Avait-il
donc besoin d’être lavé du péché ? Non, il était innocent et saint.
Avait-il donc besoin de devenir le fils du Père ? Non, il l’était déjà de
toute éternité. Était-il obligatoire pour lui de mourir ? Non. En
revanche, il a vu les hommes et il a voulu en faire des frères et sœurs. Il a
vu que nous étions marqués par une loi implacable : celle de la mort.

La mort c’est déjà le fait que chacun de nous va
mourir. Néanmoins, cette loi de la mort ne s’applique pas simplement à notre
personne, elle est vraie de chaque chose que nous vivons. Il n’est pas une
journée de vie pleine et entière qui ne s’achève par une mort. Imaginez une
belle journée de vacances avec des amis, le bonheur du jeu sous le soleil, les
rires, l’allégresse des chants, le délice d’un goûter, la joie d’être ensemble et de vivre ! Cette journée-là se terminera, il faudra quitter ceux que
nous aimons, le soleil cèdera la place à la pluie, l’été à l’hiver. C’est notre
drame. Pourquoi toute joie doit-elle finir ? Pourquoi tout bonheur est-il
marqué du sceau de la mort ? Celui qui est le plus malheureux de cette
tyrannie de la mort sur la beauté de notre monde, c’est Dieu. Il nous a faits
pour vivre, pas pour mourir. Un ennemi est venu abîmer l’œuvre divine et nous
en sommes blessés, pas moyen d’échapper à la loi implacable de la mort.

Le Seigneur nous voyant dans cette situation n’a
pas voulu baisser les bras en disant : tant pis, cette œuvre-là est ratée,
je vais en faire une autre, laissons-tomber l’homme. Il a préféré venir là où
nous étions, c’est-à-dire dans la mort. Au jour de son baptême, il descend avec
nous dans l’eau, il se laisse couler au fond de la piscine pour nous en sortir.
Tel le sauveteur qui plonge dans la mer déchaînée au mépris de sa propre vie
pour aller chercher le baigneur qui se noie, notre Sauveur plonge dans l’eau de
la mort pour nous en sortir. Depuis que notre mort est la sienne, sa vie est la
nôtre.

Quand vous serez baptisés, c’est lui qui, par la
main du prêtre, vous agrippera, il vous sauvera de la mort en vous faisant
sortir de l’eau, il vous donnera sa vie éternelle. Il ne nous laissera pas à
son ennemi juré, il ne nous abandonnera pas à la mort, il l’a vaincue et
ratatinée. La mort est morte le jour où Jésus est venu nous y chercher et nous a
promis que cette vie ne finira pas. Il nous dit chaque jour : en toi je trouve ma joie. La mort semble
continuer à gagner, les plus belles journées se finissent toujours et les
larmes coulent encore sur nos joues. Pourtant, nous savons que le Seigneur a
déjà gagné et dans nos tristesses, nos cœurs se souviennent que le dernier mot
sera joie. Amen.