
Homélie du 14ème
dimanche du temps ordinaire
N’est-il pas le
charpentier, le fils de Marie ?
C’est d’un miracle de l’existence dont nous parle cet
évangile. Le miracle de l’engendrement. C’est un premier miracle que deux êtres
puissent donner naissance à un troisième, que l’amour ne soit pas bouclé sur
lui-même mais ouvert à une tierce vie. Un redoublement de ce miracle le fait qu’un
enfant puisse être meilleur que ses parents, que des êtres quelconques puissent
donner naissance et éduquer un génie, que des analphabètes puissent engendrer
un prix Nobel de littérature et plus encore que des pécheurs puissent être les
parents d’un saint. L’homme a la
possibilité de ne pas produire du toujours pareil, l’homme passe l’homme,
l’enfant peut transcender son père. Se rendre compte de ce fait, c’est ouvrir
aux plus jeunes des horizons, chercher à les guider sans jamais les écraser ni
les abandonner. Labourer, planter,
bêcher, arroser, émonder pour que la plante grandisse sans jamais tirer dessus,
le travail de l’éducateur est là. Cela ouvre un million de questions pratiques
sur la manière de faire, questions auxquelles je ne prétends pas répondre
aujourd’hui. J’en resterai pour ce qui nous intéresse à cette vérité :
parents et éducateurs ont de l’or entre les mains. L’œuvre éducative est une
véritable œuvre d’art car elle peut produire un fruit sublimant les compétences
et même l’intention de l’éducateur.
Ce miracle
des pécheurs qui donnent naissance à des saints est grand ; et, si
certaines époques en sont plus prolifiques, on peut dire qu’il parcourt toute
l’histoire. En revanche, il est un miracle qui n’est arrivé qu’une fois et qui
est comme le paroxysme de ce miracle de l’engendrement. Un jour en un lieu, une
femme a donné naissance au Sauveur du monde. Marie donnant naissance à Jésus,
Dieu et homme, Joseph éduquant celui qui donnera sa vie pour les hommes, ceci
est un miracle absolu. Jésus est né comme un homme, il avait tout à apprendre.
Le don de soi n’est pas inné, Marie et Joseph ont formé son cœur par
leur présence, leurs exemples et leurs paroles. Ils lui ont donné tout ce qui
était nécessaire pour accomplir sa mission. Certes Marie était parfaite, certes
Joseph n’était pas loin de l’être, mais Jésus a fait ce que ni Marie ni Joseph
ne pouvaient faire. Il a pris le don qu’il avait reçu d’eux et qui était encore
inachevé et il l’a accompli en l’offrant totalement et gratuitement au Père.
Les paroles qui sortent de sa bouche, ce sont les paroles reçues de Joseph et
sublimées par l’Esprit de Jésus, le sang qui coule de son côté ouvert, c’est le
sang de Marie parfait par le cœur de Jésus. Jésus pousse ainsi à son maximum le
miracle de l’engendrement et il rend l’homme capable de Dieu. En se laissant
ainsi saisir par la grâce de Dieu, il amène l’humanité à une perfection inouïe
de l’intérieur même de l’humanité.
Dès lors que Jésus a ainsi transfiguré l’homme, plus rien
n’est impossible. D’où cela lui
vient-il ? disent les habitants de Nazareth. À Jérusalem, ses
contradicteurs seront encore plus méprisants
vis-à-vis de cette terreuse province :
De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? Oui, désormais par
Jésus, de Nazareth peut sortir le Messie, de la boue peut jaillir l’eau pure et
du péché peut éclore la sainteté. En nous pétrissant par sa grâce, la force
divine donne toute sa mesure dans notre faiblesse. Amen.