Dimanche 26 janvier 2014 – Saint Hippolyte
IIIème dimanche du temps ordinaire
“Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière.”
Nous avons déjà entendu ce texte durant la nuit de Noël. Nous savons donc que cette lumière s’est levée au jour de la naissance de Jésus. Il est venu éclairer nos ténèbres. Pourtant, bien qu’il soit venu, une partie de nos vies reste dans l’obscurité : nous sommes heureux de nous réchauffer à la lumière de Jésus mais nous gardons certaines choses loin de lui, nous opposons des limites à sa lumière. Comme si nous avions peur qu’il vienne éclairer de son jour tout notre cœur, nous nous en réservons une partie. Il suffit de voir comment nous parlons : très souvent nous cherchons vraiment à dire la vérité, nous voulons que nos paroles reflètent le regard de Jésus sur chacun mais parfois nous nous égarons dans la calomnie, dans le commérage voire dans la médisance. Ou encore, ce qui fait notre désir : nous savons bien que seul Jésus fera notre bonheur, nous savons qu’il est le seul qui puisse nous combler, pourtant nous croyons parfois au mensonge de la société de consommation et nous parcourons les magasins en cherchant le produit qui fera notre bonheur. Ou enfin, nous croyons fermement en Jésus comme notre seul Sauveur, le seul qui puisse nous délivrer de tout mal mais nous errons parfois dans des pratiques spirituelles autres : spiritisme, vaudou, astrologie, etc.
Nos cœurs sont divisés. Ils sont bons, ils sont emplis de lumière mais une part échappe encore au soleil de Dieu et se tapit dans l’ombre. Comment faire en sorte qu’enfin nous nous offrions pleinement à sa lumière, comment laisser son amour gagner toutes nos vies ? Reconnaissons tout d’abord quelles sont les peurs qui nous empêchent de laisser son regard illuminer nos vies. Nous avons peur qu’il nous juge de manière implacable, nous avons peur de devoir changer, nous avons peur de ce que sa lumière risque de nous faire découvrir de nous-mêmes. Nous continuons à avoir peur de lui. Alors nous fuyons dans les ténèbres, nous fuyons la discussion avec un ami dont nous savons qu’il risque de nous dire la vérité, nous fuyons la prière où nous risquerions de voir nos cœurs mis à nu, nous fuyons tout ce qui viendrait troubler notre confort. Mais le confort de celui qui fuit la lumière pour les ténèbres, c’est le confort d’un cafard.
Ce que Dieu veut pour nous, ce n’est pas ce confort tranquille d’une vie aveugle, ce qu’il veut pour nous c’est la vérité et l’illumination. Il ne veut pas que nous vivions en-dessous de nous-mêmes dans une sorte de semi-léthargie, il désire que nous vivions au maximum de nos capacités, que nous mordions la vie à pleines dents, que nous vivions sans crainte dans sa lumière, que nous nous donnions tout entier par amour pour lui et pour les autres. S’il vient porter sa lumière dans nos ténèbres, ce n’est jamais pour porter une condamnation mais pour poser sur nous un regard qui sauve, pour nous montrer ce qui est blessé, raide ou faussé dans notre vie afin de le guérir, de l’assouplir et de le rendre droit.
Souvenons-nous des moments où nous avons goûté à la joie de nous donner qui est en même temps la joie de recevoir le don de Dieu. Souvenons-nous, par exemple, du jour où nous avons reçu un sacrement : baptême, première communion, confirmation, confessions, mariage, ordination. Souvenons-nous aussi de la joie que nous avons lorsque nous réussissons à livrer un peu de nous-même à un ami, lorsque nous faisons la lumière sur nous-même dans le dialogue. Souvenons-nous enfin du bonheur que nous endurons lorsque nous réussissons à nous donner en lâchant la prise qui nous attache aux objets matériels, en offrant un peu de notre temps ou encore en nous sacrifiant par amour d’un autre. Tous ces instants sont des moments où la lumière de Dieu gagne un peu sur l’ombre de nos vies.
Lorsque nous y avons goûté, nous savons bien que nous sommes faits pour cette lumière. Elle seule fera notre bonheur et nous comprenons alors que les saints aient considéré le reste pour rien. Nous voudrions avoir la simplicité des apôtres qui, à l’écoute de l’appel de Jésus, laissent là leurs filets et le suivent. Ils semblent n’avoir aucun regard en arrière, aucun attachement aux ténèbres. Comme il serait heureux de pouvoir suivre la lumière qu’est Jésus, de la suivre sans réserve, sans regarder à droite ou à gauche, de nous donner totalement. Seule l’écoute de son appel, de sa parole peut avec le temps nous conquérir tout entier. Ne cessons jamais de le désirer et soyons sûrs que Dieu l’accomplira : Convertissez-vous car le Royaume des Cieux est tout proche.