Dans le même bain

SAMEDI 11 JANVIER 2014 – SAINT-HIPPOLYTE

BAPTEME DU SEIGNEUR

1re lect. : Is 42, 1-4.6-7
Ps : 28, 1a et 2.3ac-4.3b et 9b-10
2e lect. : Ac 10, 34-38
Évangile : Mt 3, 13-17

«  C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c’est toi qui viens à moi ! »

La question que nous pose le baptême de Jésus est simple : Pourquoi Jésus s’est-il fait baptiser ? En effet, nous qui avons été baptisés ou qui nous y préparons, nous savons quelle nécessité nous pousse au baptême : le désir d’être sauvé ! Le baptême, en nous plongeant dans la mort et la résurrection, nous lave du péché, nous recrée en nous faisant membre du corps du Christ et nous donne ainsi la vie éternelle. Le Christ n’avait besoin de rien de tout cela puisqu’il avait pris notre condition humaine « en tout chose excepté le péché » et qu’il vivait éternellement auprès de son Père. Le Fils de Dieu n’avait pas plus besoin d’être baptisé qu’il n’avait besoin de se faire homme !

La raison pour laquelle il a voulu être baptisé est justement la même que celle pour laquelle il s’est fait homme. Il y a un rapport profond entre la crèche où le Fils de Dieu naît comme un fils d’homme et son baptême, c’est d’ailleurs pourquoi ce baptême clôt le temps liturgique commencé à Noël. Toutes les fêtes depuis Noël nous manifestent que Jésus n’a reculé devant rien pour s’approcher de nous, venir nous chercher là où nous étions et nous sauver. Le Jourdain où Jean baptisait était un lieu de purification pour les hommes, un bain dans lequel les juifs laissaient leur souillures passées, leurs maladies intérieures, la poussière de leurs cœurs afin de retourner à Dieu. C’est ce bain que Jésus a voulu prendre. En se faisant homme, Jésus s’est vraiment et complètement incarné, il n’a pas rechigné à s’approcher au plus près de nous. Il a voulu voir de ses yeux de chair l’homme défiguré, il a voulu toucher nos maladies, il a voulu sentir notre odeur et il a voulu se baigner dans l’eau de notre bain. S’il n’a pas péché, il a pris notre péché à son baptême, comme, lorsque l’on prend son bain, on partage la saleté d’une personne qui nous a précédée dans l’eau.

En acceptant ainsi de porter sur lui notre péché, Jésus nous fait aussi un don. C’est le miracle de son baptême : non seulement, il reçoit le péché que nous laissons dans l’eau mais il purifie cette eau en acceptant d’être plongé dedans. C’est la grande différence entre notre baptême et celui de Jésus : lui n’a pas été baptisé pour être purifié mais pour purifier l’eau dans laquelle nous serions baptisés. En recevant par l’eau nos blessures, Jésus sanctifie l’eau afin qu’elle soit pour nous la source d’une guérison définitive. Les juifs avaient besoin de répéter les ablutions avant les repas, la prière, etc. parce que ces ablutions étaient comme des bains qu’il faut réitérer pour nettoyer les souillures quotidiennes. Nous ne répétons pas le baptême parce que nous avons été plongé une fois pour toute dans l’eau qui lave véritablement, celle qui met en nous la justice même de Jésus : son cœur brûlant d’amour pour nous. Nous comprenons alors la réponse de Jésus à Jean-Baptiste : C’est ainsi que sera accomplie toute justice. C’est ainsi que s’accomplira en nous la justice véritable, non pas la répétition de gestes de purification sans effet permanent, mais par l’eau du baptême la venue en nous de Dieu lui-même qui affirme : tu es mon fils, ma fille bien-aimée, en toi j’ai mis mon amour.

En étant baptisé, Jésus accepte donc de prendre sur lui toutes nos souillures en même temps qu’il nous en lave véritablement. En ce jour, nous pouvons contempler l’intimité qu’il veut avoir avec chacun de nous. L’eau du bain est l’élément qui nous touche le plus intimement, on ne la partage qu’avec les plus proches : lorsque l’on est enfant, entre frères et sœurs, plus tard, entre époux. Cette eau nous enveloppe en même temps qu’elle nous lave, elle nous réchauffe et nous apaise. C’est cette intimité-là que le Seigneur Jésus a voulu avoir avec nous. En ces jours, nous pouvons encore contempler la crèche, rappelons-nous en regardant l’enfant Jésus qu’il n’est pas venu simplement pour que nous ayons une belle histoire à raconter, un conte qui réchauffe nos dures nuits d’hiver. Il est venu pour nous rejoindre au plus intime, pour nous prendre dans ses bras et nous embrasser. Il s’est fait petit enfant dans la crèche pour nous laver de ses propres mains, car le baptême que nous avons reçu par les mains d’un autre, nous l’avons en fait reçu des mains mêmes de Jésus. Il a pris un cœur humain pour revigorer nos cœurs de son amour. En ce jour de son baptême, offrons donc à l’enfant de la crèche nos douleurs intérieures, laissons-le nous panser de ses douces mains, acceptons sa proximité car elle seule nous sauvera. Amen.