Quand Joseph se réveilla

22 DÉCEMBRE – SAINT HIPPOLYTE

IVème DIMANCHE DE L’AVENT

1re lect. : Is 7, 10-16


Ps : Ps 23, 1-2.3-4ab.5-6 


2e lect. : Rm 1, 1-7

Évangile : Mt 1, 18-24

À trois jours de Noël, l’évangile de ce dimanche tourne nos regards vers Joseph. Après Jean-Baptiste (les deux dernières semaines), c’est la figure de Saint Joseph qui nous est présentée. 

Cette année, Saint Joseph a reçu une place éminente dans l’Église puisqu’il y a six mois le pape François a voulu que nous le nommions à chaque messe au cours de la prière eucharistique. Il est ainsi devenu le seul saint à être évoqué tous les dimanches au côté de la Vierge Marie.

Malgré sa discrétion (pas un seul mot sortant de sa bouche ne nous est rapporté dans l’évangile), c’est donc un très grand saint qui est proposé à notre attention aujourd’hui. C’est d’ailleurs évident que lorsque l’on cherche quelqu’un pour garder quelque chose de très précieux, on le choisit entre mille. Ainsi, lorsque Dieu choisit un homme pour garder son Fils, il le choisit entre mille. Dieu a choisi Joseph pour entourer la Vierge Marie alors qu’elle était enceinte, être à ses côtés au moment de l’accouchement, emmailloter l’enfant puis lui donner les moyens de grandir, lui apprendre à parler, à marcher et même à aimer. La responsabilité dont Joseph a été investi est très grande : Jésus n’est pas apparu adulte sur cette terre, mais enfant c’est-à-dire homme en devenir. S’il est vraiment devenu homme, alors il a dû grandir et être éduqué. Lui qui était le Verbe de Dieu a voulu apprendre à parler, lui qui était le Fils éternel du Père a voulu obéir à un père humain, lui qui était la Sagesse a voulu être instruit par un homme. L’homme qui fut choisi pour assumer cette paternité, c’est Joseph. Regardons donc Joseph pour découvrir ensemble quelles sont les qualités qui nous permettront d’accueillir nous aussi Jésus comme enfant au jour de Noël. 

Parmi les qualités de Joseph qui lui valurent d’être appelé pour cette tâche, l’évangéliste signale qu’il était un homme juste. Il ne faudrait pas comprendre ce terme dans un sens trop étroit. La véritable justice, c’est celle de l’homme qui a écouté la parole de Dieu, qui la connaît et qui la choisit comme fondation de sa vie. Joseph vit véritablement de la loi, il sait que cette loi lui demande de ne pas épouser Marie puisque l’enfant n’est pas le sien mais, dans les circonstances qui sont les siennes et par justice envers sa fiancée dont il respecte le secret, il ne veut pas qu’elle soit livrée à l’opprobre public. Ce projet qui s’est formé dans le cœur de Joseph montre bien la véritable justice : elle est faite de miséricorde, d’attention et de respect envers Marie.

La deuxième qualité que nous pouvons retenir de Joseph, c’est son obéissance. Ici comme en deux autres endroits, un ange lui donne en songe un ordre concernant Marie et son fils et, les trois fois, Joseph accomplit la demande de l’ange sans même présenter d’objection. Il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit. Cette obéissance est le fruit de la justice de Joseph, de son écoute de la parole de Dieu qui le rend capable d’accueillir le message de l’ange. En effet, s’il est à même de suivre l’ordre de l’ange, c’est parce qu’il en a saisi la teneur; et s’il a pu comprendre ce que signifiait le message de ce songe, c’est parce qu’il avait médité les écritures : ce qui lui avait paru jusque là énigmatique était soudainement dévoilé. Il découvre que la prophétie d’Isaïe (entendue en première lecture) et toute l’attente d’Israël va enfin trouver son accomplissement, il se rend compte qu’il est appelé par Dieu à être le père du Messie. Joseph n’est pas le fruit d’une génération spontanée, il a dans les veines le patrimoine de plus de 1000 ans d’écoute de la parole de Dieu et ce sang hébreu qui le fait vivre lui permet à la fois de pénétrer ce qui se joue là et de prendre sa part de l’accueil du Messie en prenant chez lui Marie et Jésus.

Ceci m’amène en conclusion à la troisième qualité de Joseph : sa grandeur de cœur. Comme je l’ai dit, tout était annoncé par les prophètes, et Joseph est un homme enraciné dans cette parole de Dieu ; pourtant, il lui a fallu aussi se laisser surprendre car le don du Fils de Dieu accomplit les prophéties tout en les débordant. Les prophètes balbutiaient la venue de l’Emmanuel, la réalisation de cette venue dépasse ce que le cœur humain pouvait attendre. En recevant l’annonce de cette venue dans le corps de Marie, et en acceptant la charge d’époux et de père, Joseph manifeste l’envergure de son cœur. Il est prêt à recevoir cette responsabilité qui le dépasse, il devient le Père de son créateur, sa maison héberge celui que rien ne peut contenir, et il découvrira en contemplant son fils l’humanité nouvelle à laquelle nous sommes tous appelés. Amen.