17 NOVEMBRE 2013 – SAINT HIPPOLYTE
XXXIIIe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
1re lect. : Ml 3, 19-20a
Ps : 97, 5-6, 7-8, 9
2e lect. : 2 Th 3, 7-12
Évangile : Lc 21, 5-19
Quelque chose que l’homme ne pouvait pas imaginer, quelque chose qui n’était pas inscrit dans notre histoire, ni ne pouvait être déduit par notre raison, nous est révélé aujourd’hui par Jésus. Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. Jésus nous annonce qu’un jour viendra où le monde tel que nous le connaissons disparaîtra, cela nous ne pouvions le deviner.
Bien sûr nous savons que rien n’est éternel ici bas et que chaque bâtiment construit sera un jour détruit, nous le savons par expérience, parce que l’histoire nous l’enseigne : aucune civilisation n’a subsisté de manière définitive et les civilisations que nous connaissons aujourd’hui disparaîtront aussi. Nous savons aussi, parce que les scientifiques nous l’ont appris, que notre terre elle-même a une durée de vie limitée, un jour viendra où le soleil explosera et la terre sera engloutie dans ce brasier. Mais, lorsque Jésus parle de la fin, de la destruction de toute chose, il ne parle pas d’un processus interne au monde, il ne parle pas d’un cataclysme qui détruirait la terre : une guerre nucléaire, un tremblement de terre ou une épidémie plus grande que les autres, il ne parle pas d’une fin du monde qui résulterait d’une évolution naturelle ou d’une action de l’homme. Ainsi le dit-il : il y aura des tremblements de terre, des épidémies, des guerres mais ce n’est pas la fin.
Cette fin n’est d’ailleurs pas tellement dans la destruction, c’est pourquoi il nous encourage à ne pas nous laisser effrayer par les bouleversements du monde, pas plus qu’à nous laisser impressionner par la grandeur des constructions humaines (ceux qui l’écoutent admiraient justement la beauté du Temple). Ce qui doit donc arrêter notre attention, ce n’est ni les catastrophes, ni la grandeur des réalisations humaines, mais bien plutôt notre espérance qu’un jour viendra – et il vient – où le Seigneur Dieu achèvera son œuvre qui n’est encore qu’ébauchée. Cette fin du monde, elle est avant tout la venue d’une personne, l’avènement de Jésus-Christ lui-même qui viendra accomplir la création.
Cette venue, elle nous est promise dans la première lecture, celle du livre de Malachie. Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme une fournaise. Ce feu brûle l’impiété et l’arrogance, il détruit donc une partie du monde, mais pourquoi ? Pour nous guérir : Le soleil de justice se lèvera, il apportera la guérison dans son rayonnement. Il est certain qu’au jour où le Seigneur viendra, il consommera dans le feu de son amour tout ce qui n’est pas saint, tout ce qui est encore boueux, il rendra droit ce qui est faussé, il soignera ce qui est blessé, il assouplira ce qui est raide.
Lorsqu’il vient, le Seigneur détruit donc mais que détruit-il ? La souffrance, le mal et la mort qui nous empêchent de vivre et qui ne peuvent cohabiter avec la présence divine. Cette destruction, il faut donc la comprendre comme une véritable guérison, elle est notre espérance : lors de sa venue dans la gloire, le Christ mettra le point final à son œuvre, ce point final sera le commencement de notre vie véritable, une vie où nous vivrons d’un amour purifié de la souffrance qui habite toujours nos amours d’ici-bas.
Belle perspective ! Certes, mais ce jour à venir n’est pas seulement pour demain. Il est déjà esquissé aujourd’hui dans les dons que Dieu nous fait, et même plus qu’esquissé, il est déjà commencé. Au milieu de nos angoisses, au sein des persécutions extérieures ou intérieures, le Seigneur nous assure dans l’évangile d’aujourd’hui qu’il est déjà là, il a déjà commencé à détruire angoisses et souffrances. Il le fait en nous et par nous. En effet, il nous garantit à la fois des inquiétudes et des épreuves : On portera la main sur vous et l’on vous persécutera. Tous nous les connaissons ces épreuves : que d’autres nous fassent souffrir en paroles ou en actes à cause du Nom de Jésus ou que nous souffrions intérieurement pour rester fidèles à Jésus, nous connaissons ou nous avons connu des tourments liés à notre foi. Sur cette terre, tout témoignage prend à un moment ou à un autre le visage du martyre. Mais, en même temps qu’il nous annonce ces tourments, le Christ nous promet qu’au milieu de ces souffrances, il est là, toujours avec nous. Par notre témoignage, il est déjà présent à ce monde : je vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction. Même lorsque nous avons l’impression que tout est perdu, soyons sûrs que le Christ est là, qu’il nous inspire invisiblement, qu’il prépare déjà dans notre cœur son Royaume, qu’il met déjà dans notre bouche les mots qu’il faut, aussi pauvres nous semblent-ils. Même lorsque nous ne sentons pas sa présence, il est là.
Ainsi, son retour dans la gloire se produit déjà aujourd’hui dans nos cœurs et dans cette eucharistie où il se rend présent. Cette présence est encore mêlée pour nous d’amertume et de doute, désirons-donc d’un grand désir son retour dans la gloire qui brûlera toute souffrance, qui éteindra toute angoisse, qui détruira tout tourment, désirons-le avec persévérance, désirons-le en sachant que nous en vivons déjà, demandons la confiance au milieu de notre nuit et soyons sûrs que le Seigneur ne peut manquer à sa promesse : Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. Amen.